CANTALAUSA (1925-2006)




On ne dira jamais assez ce que la culture d'oc doit à l'abbé Louis Combes, bien mieux connu sous le pseudonyme de Cantalausa. Ce spécialiste de l'anglais et de l'enseignement des langues, qui a dirigé pendant plusieurs années une paroisse française à New-York, mène aujourd'hui une existence de bénédictin aux portes de Rodez. Depuis une vingtaine d'années, il accomplit en solitaire une œuvre remarquable en faveur de la langue d'oc, travail difficile et de longue haleine qui aurait assurément mérité des encouragements officiels et, surtout, un lectorat plus large.

Voilà un prêtre que l'on peut qualifier d'atypique et qui, pareil à un moine dans sa cellule, travaille avec ardeur, minutie et ténacité à forger une série d'outils pédagogiques destinés à l'enseignement de la langue d'oc, depuis l'anthologie commentée, jusqu'à des méthodologies audiovisuelles. Il mène de front un assez extraordinaire labeur de traducteur, adaptant à l'occitan plusieurs chef-d'œuvres de la littérature étrangère, sans oublier des textes sacrés tirés de la Bible ou des Actes des Apôtres. Il étonna les spécialistes en publiant en 1991 un corpus fort conséquent concernant les origines de la langue d'oc et du français. Et nous ne parlerons pas de ses essais historiques et de sa propre création littéraire.


En une vingtaine d'années, Cantalausa a produit plus de vingt ouvrages dont l'utilité pratique n'est plus à démontrer et qui s'avèrent une aide précieuse, non seulement pour ceux qui ont la charge d'enseigner la langue, mais aussi pour les amateurs plus ou moins éclairés qui, chaque jour découvrent l'idiome des troubadours au hasard d'une lecture, d'un spectacle ou d'une promenade touristique.


Ainsi, sans bruit ni tapage, au fil des ans, Cantalausa, à la fois savant et novateur, chercheur passionné et passionnant, a pu, sans excès de langage, être considéré comme une conscience. Ne devant rien à personne, il poursuit sans relâche et avec une foi inaltérable une œuvre multiforme et surprenante sous bien des aspects, une œuvre utile aussi, bâtie avec amour et compétence, dont on ne trouve guère d'équivalent dans les lettres d'oc contemporaines. L'homme, cependant, quelle que soit l'ardeur qui contient son action, se trouve parfois bien seul et bien oublié ; il n'est pas toujours soutenu avec l'efficacité qui conviendrait.


Depuis trois ans, il dirige une collection de livres intitulée Sètz bilingües où ont été publiés en 1992 le recueil Istòrias aital et, cette année, Lo Primière Libre de la Jungla, tous deux d'après les éditions originales de Rudyard Kipling. Cantalausa a achevé les traductions en oc du Segond Libre de la Jungla, des Lettres de mon moulin et du Petit Prince, mais leur publication reste conditionnée par le succès que remporteront les deux premiers. Comme on peut le constater, ce choix ne manque pas d'éclectisme et devrait concerner un large public.



Jean Fourié, La France latine.




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