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On ne dira jamais assez ce que la culture d'oc doit à l'abbé
Louis Combes, bien mieux connu sous le pseudonyme de Cantalausa.
Ce spécialiste de l'anglais et de l'enseignement des langues,
qui a dirigé pendant plusieurs années une paroisse française à
New-York, mène aujourd'hui une existence de bénédictin aux
portes de Rodez. Depuis une vingtaine d'années, il accomplit en
solitaire une œuvre remarquable en faveur de la langue d'oc,
travail difficile et de longue haleine qui aurait assurément
mérité des encouragements officiels et, surtout, un lectorat
plus large.
Voilà un prêtre que l'on peut
qualifier d'atypique et qui, pareil à un moine dans sa cellule,
travaille avec ardeur, minutie et ténacité à forger une série
d'outils pédagogiques destinés à l'enseignement de la langue
d'oc, depuis l'anthologie commentée, jusqu'à des méthodologies
audiovisuelles. Il mène de front un assez extraordinaire labeur
de traducteur, adaptant à l'occitan plusieurs chef-d'œuvres de
la littérature étrangère, sans oublier des textes sacrés
tirés de la Bible ou des Actes des Apôtres. Il étonna les
spécialistes en publiant en 1991 un corpus fort conséquent
concernant les origines de la langue d'oc et du français. Et
nous ne parlerons pas de ses essais historiques et de sa propre
création littéraire.
En une vingtaine d'années, Cantalausa a
produit plus de vingt ouvrages dont l'utilité pratique n'est
plus à démontrer et qui s'avèrent une aide précieuse, non
seulement pour ceux qui ont la charge d'enseigner la langue, mais
aussi pour les amateurs plus ou moins éclairés qui, chaque jour
découvrent l'idiome des troubadours au hasard d'une lecture,
d'un spectacle ou d'une promenade touristique.
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Ainsi, sans bruit ni tapage, au fil des ans, Cantalausa, à la
fois savant et novateur, chercheur passionné et passionnant, a
pu, sans excès de langage, être considéré comme une
conscience. Ne devant rien à personne, il poursuit sans relâche
et avec une foi inaltérable une œuvre multiforme et surprenante
sous bien des aspects, une œuvre utile aussi, bâtie avec amour
et compétence, dont on ne trouve guère d'équivalent dans les
lettres d'oc contemporaines. L'homme, cependant, quelle que soit
l'ardeur qui contient son action, se trouve parfois bien seul et
bien oublié ; il n'est pas toujours soutenu avec l'efficacité
qui conviendrait.
Depuis trois
ans, il dirige une collection de livres intitulée Sètz
bilingües où ont été publiés en 1992 le recueil Istòrias
aital et, cette année, Lo Primière Libre de la Jungla, tous
deux d'après les éditions originales de Rudyard Kipling.
Cantalausa a achevé les traductions en oc du Segond Libre de la
Jungla, des Lettres de mon moulin et du Petit Prince, mais leur
publication reste conditionnée par le succès que remporteront
les deux premiers. Comme on peut le constater, ce choix ne manque
pas d'éclectisme et devrait concerner un large public.
Jean Fourié, La France latine.
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